Chiaraje ou des festivités mouvementées
Une tradition ancestrale
Chiaraje. C’est le nom d’une tradition peu commune qui existe quelque part dans la province de Canas, à Cusco. Comme chaque 20 janvier dans la pampa de Chiaraje, nous pouvons assister à cet événement insolite et presque surréel. Des centaines d’hommes armés de pierres et de frondes, sont prêts pour la bataille qui s’annonce mémorable. Les villageois de Cheqa et Kunturkanki s’installent dans la colline d’Orccocca, tandis que ceux de Langui et Qehue s’emparent des collines de Londoni et Escurrán.
Le Chiaraje est une bataille ancestrale en offrande à la Pachamama ayant pour objectif de maintenir la fertilité des terres, transmises de père en fils. Selon eux, si la Terre Mère nous offre tout ce dont on a besoin, il faut lui offrir quelque chose en retour, par le sang s’il le faut. C’est pour cette raison que chaque année ce sont au moins 2000 villageois qui participent à cette tradition ancestrale. Et ils luteront les uns contre les autres, au péril de leur vie. Dans cette réunion il n’y a pas de loi ou d’autorités. Les villageois participent volontairement et quand ils sont blessés, ils sont traités par les médecins des centres de santé de la région.
Vers onze heures du matin commence la première partie de la bataille, premier assaut où les chefs des deux camps descendent à cheval des collines, en essayant de s’approcher du centre de la pampa de Chiaraje. Une première pierre est lancée. Et déjà en moins de cinq minutes les pierres de différentes tailles traversent l’espace générant les premiers blessés.
Après deux heures, la bataille est paralysée et les deux camps se retirent dans leurs tentes respectives, où les blessés sont pris en charge par leurs femmes et ceux qui n’ont pas été blessés durant le combat, commencent à donner de la force à l’aide de musiques et de danse. Les participants se reposent, mais ont toujours la force d’insulter les rivaux. À trois heures de l’après-midi, la deuxième et dernière bataille commence, désordre et audace régnant des deux côtés. L’alcool rend cette seconde bataille plus sanglante et plus brutale.
Bien évidemment au cours de ces affrontements, les blessures sont de mise. Et quand un combattant tombe au combat, c’est que l’année sera fertile et prospère. En effet, les villageois sont convaincus qu’offrir leur propre sang à la Terre Mère n’est qu’un sacrifice pour attirer l’abondance pour cette nouvelle année à venir.
Par ailleurs, contrairement à ce que beaucoup pensent, ces communautés ne sont pas ennemies entre elles et ne se détestent pas particulièrement. En réalité, elles sont même très bonnes voisines, partageant divers aspects de la vie quotidienne et notamment les mêmes croyances.
Les traditions n’ont pas fini de nous surprendre.
Photos © El Comercio Perú
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